La cithare-sur-bâton est un cordophone qui se compose d’une corde tendue au dessus d’ un support en bois qui repose sur une caisse de résonance de forme arrondie. Etant donné qu’il s’agit d’une cithare, on peut démonter la caisse de résonance sans devoir détendre la corde et la séparer de son support. La corde est tendue entre les deux extrémités du support, qui est lui-même fixé à la caisse de résonance, une calebasse évidée et à moitié ouverte, à l’aide d’une autre corde nouée à l’intérieur de la calebasse en passant par deux ouvertures pratiquées à cet effet. Généralement, on place un morceau de l’extrémité en forme d’entonnoir de la calebasse entre le support et la caisse de résonance : d’un côté, celui-ci s’emboîte fermement dans la calebasse, de l’autre côté il est muni de deux petites encoches sur lesquelles repose le support et qui lui donnent une meilleure stabilité. Le support des cordes est confectionné à partir d’un morceau de bois bien droit : il est élargi à ses deux extrémités pour soutenir la corde et dans certains cas, il est décoré de motifs géométriques. Tout près de l’extrémité la plus éloignée de la caisse de résonance, trois touches sont ménagées. La plupart du temps, ce genre de cithare ne possède qu’une seule corde, mais certaines en possèdent entre deux et quatre. Une de ces cordes sert à produire la mélodie tandis que les autres sont utilisées comme cordes sympathiques en vibrant de concert pour enrichir le timbre de l’instrument. En poussant la corde contre une des trois touches, le musicien raccourcit la longueur de celle-ci et crée une variation de la tonalité. La corde ouverte et les trois touches produisent donc un total de quatre tons différents. Généralement, la corde est confectionnée à l’aide de matières végétales torsadées.
La cithare-sur-bâton est jouée dans de nombreuses régions du Congo, bien qu’elle n’ait jamais été mentionnée dans les régions frontalières de l’est. L’instrument aurait été introduit dans la région par des marchands arabes au départ de l’Afrique de l’Est. Un instrument à la conception similaire existe en Asie du Sud et en Asie du Sud-est, ce qui renforce l’hypothèse selon laquelle des liens culturels existaient déjà dans un passé lointain entre l’Afrique de l’Est et le Sud-est de l’Asie. Chez certains peuples, ce sont uniquement les hommes qui jouent de la cithare-sur-bâton, tandis que chez d’autres, les femmes en jouent également. Le jeu de la cithare-sur-bâton s’accompagne toujours de chants et sert le plus souvent à accompagner des danses. Parfois, une seconde personne frappe à l’aide d’un bâton de rythme sur la caisse de résonance, afin de créer un rythme d’accompagnement. Le musicien tient l’instrument de manière à ce que la partie ouverte de la caisse de résonance repose sur sa poitrine. Il tient le support de la corde à l’horizontale devant lui, ce qui lui permet de tendre la corde facilement à l’aide d’une main tout en appuyant sur les touches à l’aide de l’autre main. On connaît cependant des variations locales dans la manière de jouer.
Ce type d’instrument apparaît dans d’enregistrements de nos archives sonores, réalisés parmi les peuples congolais suivants ; il est connu sous les noms vernaculaires suivants:
Bafili (Bali, Kumu), Bapili (Mbuti), Enanga (Nande), Enzenze (Nande), Esanzo (Mongo), Inanga (Lega, Rundi), Inanga (Kinubi) (Hutu), Kingwandikila (Bembe), Langangu (Mbunda), Lulanga (Shi), Lunzenze (Luba-Kasai), Mafili (Bafili) (Pygmées), Nanga (Banyoro), Nedongu (Mangbetu), Ngombi (Segwirunibia) (Zande), Ngyela (Luba), Nzenze (Bira), Nzenze (zeze) (Lega), Seki (Mombutu), Zeze (Tembo)
Discographie:
© KMMA